Évaluations et résultats scolaires – sources de stress

Évaluer pour que ça compte vraiment

Dans son rapport Évaluer pour que ça compte vraiment sur l’état et les besoins en éducation de 2016 à 2018, le Conseil supérieur de l’éducation (CSÉ) rappelle que « (…) l’évaluation devrait être un exercice constructif de réflexion qui permet à la personne évaluée de progresser et auquel elle participe », ce qui semble bien différent de ce que les élèves québécois vivent à l’école en général. Cet écart peut être attribué au fait que l’évaluation est souvent réduite à la notation et aux examens. Chercher la bonne réponse aux questions plutôt que de considérer l’évaluation comme une occasion d’apprendre est le processus cognitif bien ancré dans la conception qu’a notre société actuelle de la réussite scolaire.

Vision pédagogique Sainte-Anne

La vision pédagogique Sainte-Anne place l’évaluation au cœur de l’apprentissage. Nos enseignants ne font pas que transmettre du contenu, ils guident les élèves dans le développement de leurs compétences pour assurer des apprentissages profonds et durables, tout en maintenant des attentes élevées. Notre pédagogie active et inclusive favorise la motivation et l’engagement de nos jeunes. L’évaluation intégrée, la rétroaction efficace et le droit à l’erreur contribuent également à rendre nos apprenants autonomes et experts en métacognition et en autorégulation. Nous leur offrons un environnement flexible et stimulant qui permet la différenciation, des outils accessibles à tous et un soutien exceptionnel de la part du personnel qui les entoure.

Des statistiques préoccupantes

Malgré notre bienveillance, nos élèves sont plusieurs à être stressés et anxieux, et ils ne sont pas les seuls! En effet, dans son texte « Quand l’anxiété ronge les jeunes » paru dans La Presse du 2 octobre dernier, Ariane Lacoursière nous informe que « selon une récente étude de l’Université de Sherbrooke, près d’un jeune sur deux âgés de 12 à 25 ans présente des symptômes d’anxiété ou de dépression modérée ». Elle nous indique aussi que, selon les données de l’Institut de la statistique du Québec, « (…) la proportion de jeunes du secondaire aux prises avec un niveau élevé de détresse psychologique était passée de 21 % en 2010-2011 à 29 % en 2016-2017 », sans compter le nombre croissant de diagnostics de troubles anxieux. S’ajoute à ces données le fait que « la prescription d’antidépresseurs chez les jeunes de moins de 17 ans a bondi de 260 % en 15 ans au Québec ».

Débordement du stress des adultes sur les enfants

Tristan Sauvé, un élève de 13 ans interviewé par Lacoursière (2022), témoigne d’une grande pression liée aux notes : « On te dit (…) toujours que tout se joue à l’école. Que ta carrière dépend de tes notes ». Malheureusement, il s’agit d’un discours maintes fois entendu à Sainte Anne, parfois de façon directe, mais souvent de manière déguisée.

La préoccupation constante des résultats aux évaluations, le besoin d’un rendez-vous urgent avec un intervenant juste avant un petit test, l’absence aux évaluations, le plagiat, les multiples demandes de reprise, la comparaison incessante des résultats obtenus avec ceux des autres élèves sont des habitudes bien ancrées chez plusieurs de nos jeunes et qui, au lieu de leur être bénéfiques, risquent plutôt de leur nuire.

Nous nous désolons de voir des élèves demander si les activités pédagogiques proposées par leurs enseignants comptent pour des points, craindre de commettre des erreurs ou d’être ridiculisés en posant une question, contester le jugement professionnel d’un enseignant, ou d’apprendre que certains ne veulent pas travailler en équipe craignant de ne pas performer autant que s’ils étaient seuls. Il s’agit là de signes qui témoignent d’un désir de performance à outrance.

Nous sommes aussi inquiets de constater que, malgré la bienveillance et l’attention particulière que portent les enseignants et le personnel de soutien aux élèves de tous les niveaux, les mesures et les stratégies mises en place, les programmes qui les passionnent, la panoplie d’activités sportives et culturelles qui leur est offerte, la vie scolaire à l’écoute de leurs intérêts, de très nombreux élèves vivent toujours du stress et de l’anxiété.

Mais d’où vient cette pression et que pouvons-nous y faire ?

Des solutions accessibles et efficaces

Dans un article de 2020 publié sur le site du Réseau d’information pour la réussite éducative (RIRE), France Dumais fait valoir les possibilités d’intervention permettant de mieux gérer le stress et l’anxiété des enfants qui peuvent avoir « (…) des effets dommageables (p. ex. détresse, épuisement) quand ils surviennent fréquemment ».

Des recommandations tirées d’un avis du CSÉ sur le bien-être des enfants à l’école (2020) par l’auteure, trois sont déjà bien intégrées à Sainte-Anne : le développement d’un meilleur sentiment d’efficacité personnelle, la résilience et l’activité physique. En effet, avec le soutien d’intervenants spécialisés comme les conseillers pédagogiques, les intervenants sociaux, l’orthopédagogue et autre personnel non enseignant, nos enseignants peuvent miser sur des actions et des interventions qui ont un impact tangible en ce sens.

Le site Web Centre d’études sur le stress humain (CESH) de Sonia Lupien, fondatrice et directrice scientifique du Centre, dédie une section entière au Stress chez les jeunes. On y trouve des infographies, des balados, des capsules vidéo, une bande dessinée, un jeu de société, une page Instagram et bien d’autres outils qui renseignent les jeunes sur les sources du stress et leur proposent des stratégies pour mieux le comprendre et le réduire.

Pour cette chercheuse, « (…) nouveauté, imprévisibilité et absence de contrôle sur une situation » constituent la combinaison idéale pour générer une situation stressante. Cette définition du stress met en évidence la plus grande vulnérabilité des enfants au stress puisque, contrairement aux adultes, ils ont peu ou pas « (…) la capacité de contrôler les situations dans le but de diminuer la nouveauté et l’imprévisibilité. La gestion du stress chez les enfants passera donc nécessairement par un contrôle parental ».

Dans la section Le stress chez vos jeunes destinée à informer les parents, on peut lire que, même si d’autres adultes peuvent contribuer à diminuer le stress des enfants, « ce qui ressort de la majorité des études mesurant le stress chez les enfants est que les parents sont les acteurs les plus importants pour gérer le stress de leur progéniture » et que ce qui importe, c’est de travailler à en diminuer les trois causes mentionnées plus haut pour « (…) assurer à soi-même et à sa famille une saine harmonie ».

La page Trucs et outils d’Alloprof Parents regorge de suggestions classées selon des thèmes directement liés à des situations scolaires concrètes pouvant causer stress et anxiété aux familles. Par exemple, on y trouve des conseils concernant la façon de réagir à un moins bon bulletin scolaire, au sujet du stress des examens, sur la manière de renforcer la confiance en soi de son enfant, et sur les raisons de faire confiance aux enseignants. De plus, sur la page Trucs et astuces pour réduire le stress, les parents peuvent opter pour les idées qui leur permettront d’aider leur enfant à réduire son stress, ainsi que le leur, afin qu’il soit plus disposé aux études. Enfin, la vidéo de deux minutes intitulée Comment aider son enfant à gérer l’anxiété de performance aidera les parents à mieux comprendre ce phénomène, ses causes et les façons de le diminuer ou même de le prévenir.

Le site Parents.Québec est un autre excellent guide pour les parents qui désirent aider leurs enfants à mieux réussir à l’école. Entre autres, on y découvre une série de vidéos créée par Éducation Québec sur l’identification des signes de stress ou d’anxiété et sur ce que les parents peuvent faire pour apprendre à leur enfant comment gérer leurs émotions. L’École ouverte regroupe également de précieuses ressources permettant de répondre aux préoccupations des parents et de les aider à soutenir leur enfant à l’école.
La Trousse familles de la Fondation Jeunes en Tête propose divers articles pour les parents qui veulent aider les jeunes à garder l’équilibre. La santé mentale saine, le bien-être, la communication parent-ado, l’image corporelle positive et l’autonomie ne sont que quelques exemples de sujets qui y sont abordés. Parmi cette liste, l’article intitulé Aider son jeune à composer avec l’anxiété est d’un grand intérêt. En effet, constatant qu’il « (…) peut s’avérer troublant (…) » pour les parents de voir leur enfant vivre de l’anxiété, les psychologues Seidah et Geninet (2022) suggèrent des façons efficaces de réagir qui « (…) permettront à notre ado de développer un rapport plus sain avec son anxiété et de mieux y faire face ».

Changement de paradigme et de posture

Le Collège Sainte-Anne est un milieu d’apprentissage profond où le bien-être pédagogique des jeunes est une priorité. Son enseignement riche et diversifié, adapté à la réalité de ses élèves, leur permet de développer les compétences disciplinaires, ainsi que les compétences globales et essentielles que sont les « 6C », soit la collaboration, la créativité, le courage, la pensée critique, la citoyenneté éthique et la communication, fort utiles aux études postsecondaires et au développement de la carrière dont ils ont peut-être déjà commencé à rêver!

La pédagogie active et inclusive, les programmes, le soutien à l’élève et la vie scolaire en général sont les moyens que nous avons choisi de mettre en place pour assurer la réussite scolaire, qui ne doit pas reposer uniquement sur des statistiques. Il s’agit là d’une posture éducative qui se distingue clairement de l’éducation que plusieurs d’entre nous avons reçue et, contrairement à l’époque où les parents étaient plutôt tenus à l’écart de ce qui se passait à l’école, nous sommes convaincus que nos parents ont une place de choix au centre de cette démarche en offrant à leur enfant, à la maison, tout ce qu’il faut pour favoriser sa réussite scolaire, en privilégiant des moyens qui le motivent à se dépasser, tout en évitant de trop se concentrer sur ses résultats.

Cathy Brazeau, Directrice du développement pédagogique

Références

BÉLAND, G. (7 décembre 2022). « Les enfants québécois à bout de souffle ». La Presse. Repéré à Les enfants québécois à bout de souffle | La Presse

Conseil supérieur de l’éducation (2018). Évaluer pour que ça compte vraiment – Rapport sur l’état et les besoins de l’éducation 2016-2018, Québec, 95 p. Repéré à Rapport sur l’état et les besoins de l’éducation 2016-2018 – Évaluer pour que ça compte vraiment (gouv.qc.ca)

Conseil supérieur de l’éducation (2020). Le bien être de l’enfant à l’école : faisons nos devoirs, Québec, 176 p. Repéré à Le bien être de l’enfant à l’école : faisons nos devoirs (gouv.qc.ca)

DUCLOS, G. (2022). Le stress de performance chez les jeunes. Montréal, Éditions du CHU Sainte Justine.

DUMAIS, F. (10 août 2020). Le stress et l’anxiété des enfants à l’école. Réseau d’information pour la réussite éducative. Repéré à Le stress et l’anxiété des enfants à l’école – CTREQ – RIRE

LACOURSIÈRE, A. (2 octobre 2022). « Quand l’anxiété ronge les jeunes ». La Presse. Repéré à Quand l’anxiété ronge les jeunes | La Presse

LECAVALIER, C. (8 décembre 2022). « Condition physique des jeunes en déclin ». La Presse. Repéré à Condition physique : le gouvernement alarmé – La Presse+

LUPIEN, S. (11 décembre 2022). Centre d’études sur le stress humain. Accueil – CESH/CSHS (stresshumain.ca)

SIEDAN, A., et I. GENINET. (11 décembre 2022). Aider son jeune à composer avec l’anxiété. Fondation Jeunes en Tête. Une fondation pour la jeunesse | Fondation Jeunes en Tête (fondationjeunesentete.org)

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