Importance de l’activité physique dans la gestion du stress, de l’anxiété et des émotions

Les problèmes liés à la santé mentale sont de plus en plus fréquents chez les Québécois. Il n’est donc pas étonnant que l’Organisation mondiale de la santé déploie un plan d’action pour la santé mentale et que plusieurs autres organismes cherchent à trouver un remède à cet enjeu. Weersing et autres (2017) précisent que le meilleur traitement pour l’anxiété chez les adolescents devrait inclure une combinaison de pharmacothérapies et de thérapies comportementales, idéalement en association avec un mode de vie approprié.

Par ailleurs, l’OMS mentionne que chez les enfants et les adolescents, l’activité physique permettrait d’améliorer la condition physique, la santé cardiométabolique, la santé osseuse, les résultats cognitifs et la santé mentale (diminution des symptômes de dépression), et de réduire l’adiposité (Activité Physique, n.d.).

Il n’y a pas qu’une seule avenue pour répondre à ce problème mondial. Les chercheurs s’intéressent au domaine de l’activité physique en lien avec la santé mentale. Il est de plus en plus reconnu que l’activité physique a un impact favorable sur plusieurs dimensions de la santé mentale (Bailey et autres, 2018; Oberste et autres, 2020; Wegner et autres, 2020). En outre, l’adolescence est reconnue comme un stade critique pour le développement des bonnes habitudes de vie. À cet égard, l’activité physique et le sport seraient un moyen efficace pour améliorer la qualité de vie générale chez les adolescents (Villafaina et autres, 2021).

Quelles sont les recommandations en matière d’activité physique?

L’Organisation mondiale de la santé recommande aux adolescents de consacrer en moyenne 60 minutes par jour à une activité physique d’intensité modérée à soutenue. De plus, des activités d’endurance d’intensité soutenue, ainsi que celles qui renforcent le système musculaire et l’état osseux, devraient être pratiquées au moins trois fois par semaine. Enfin, il est mentionné par l’OMS que le temps de sédentarité devrait être limité (Activité Physique, n.d.).

Ces recommandations sont-elles respectées?

À l’échelle mondiale, nous ne respectons pas les recommandations émises par l’OMS. En fait, l’Organisation démontre que 81 % des adolescents de 11 à 17 ans n’étaient pas suffisamment actifs en 2016 (Activité Physique, n.d.).

Quels seraient les bénéfices de respecter les recommandations?

Nous connaissons les multiples bénéfices découlant de la pratique régulière d’activités physiques. Cependant, quels sont leurs effets spécifiques sur notre corps?

Lors de la pratique d’un sport, d’un exercice ou d’une quelconque activité physique, il y a une augmentation de la sécrétion des neurotransmetteurs et hormones suivants : noradrénaline (« vigilance »), dopamine (« plaisir ») et sérotonine (« bonheur »). Selon Lussier et Toussaint (2012), cette augmentation pourrait diminuer les risques de dépression. Ils ajoutent que lors d’une activité physique prolongée, la sécrétion d’endorphines, appelées aussi « les neurotransmetteurs ou les hormones du plaisir ou du bonheur », pourrait créer une sensation de bien-être et réduire la perception de fatigue. La production de dopamine et de sérotonine pourrait exercer une influence favorable sur l’humeur et donc permettre de résister à la dépression. Également, les neurotransmetteurs ont besoin d’une certaine concentration pour être efficaces. L’activité physique pratiquée à une haute fréquence à long terme assure l’accumulation adéquate des neurotransmetteurs dans le cerveau et constitue le fondement pour améliorer l’humeur chez les adolescents (Farooqui, A.A., 2016).

La participation à une activité physique d’intensité appropriée peut augmenter la circulation sanguine vers le cerveau et plusieurs autres organes, promouvoir le métabolisme, détendre les muscles et apaiser le corps (Hedlund et autres, 2019).

De plus, des activités de groupe dans un environnement encourageant et amusant, accompagnées d’objectifs stimulants et réalistes, peuvent améliorer la confiance en soi et le sentiment d’auto-efficacité. Par conséquent, cette amélioration augmenterait la réponse émotive positive, entraînant par conséquent une diminution de l’isolement social, du manque de motivation et de l’anhédonie, l’incapacité de connaitre le plaisir (Carter et autres, 2016).

Enfin, au-delà de la santé physique, l’activité physique peut améliorer la santé mentale des adolescents. Ceux qui font régulièrement de l’activité physique sont plus susceptibles d’avoir de bonnes relations interpersonnelles et une meilleure capacité d’adaptation et d’autorégulation émotionnelle, c’est-à-dire la capacité de prêter attention et de modifier des réactions émotionnelles. Aussi, l’activité physique régulière peut améliorer les émotions négatives et, par conséquent, influer indirectement sur l’anxiété et surtout, la réduire (Gu, 2022).

Alors, que faire concrètement?

Le problème d’inactivité est le plus important et doit donc être abordé en priorité. Un travail collectif entre le gouvernement, différents organismes, les écoles et les parents s’impose.

Malgré les bienfaits de l’activité physique, il faut cependant s’assurer que l’intensité est appropriée. Le sport et l’exercice excessifs peuvent engendrer des réactions néfastes chez certains adolescents. La modération est le mot clé lors de la pratique d’activités physiques (McGuigan et McGuigan, 2019).

Bien qu’il existe diverses façons d’aider nos adolescents, l’ajout de l’activité physique, en combinaison avec certaines autres stratégies telles que les saines habitudes de vie (le sommeil, l’hydratation, l’alimentation, l’hygiène corporelle), de thérapies comportementales et de pharmacothérapies (selon des avis professionnels) est recommandé.

Pour voir les effets de l’activité physique sur nous-mêmes et sur nos adolescents, il faut d’abord bouger. Donc, le mot d’ordre est BOUGEONS!

Emanuëlle Paquin, enseignante en éducation physique et soccer+

Références

Activité physique. (n.d.). www.who.int. https://www.who.int/fr/news-room/fact sheets/detail/physical-activity

BAILEY, A.P., et autres. (2017). « Treating depression with physical activity in adolescents and young adults: a systematic review and meta-analysis of randomised controlled trials ». Psychological Medicine, 48(7), 1068-1083. https://doi.org

CARTER, T., et autres. (2016). « The Effect of Exercise on Depressive Symptoms in Adolescents: A Systematic Review and Meta-Analysis ». Journal of the American Academy of Child & Adolescent Psychiatry, 55(7), 580-590. https://doi.org

FAROOQUI, A. A. (2016). Inflammation and Oxidative Stress in Neurological Disorders. Springer.

GU, J. (2022). « Physical Activity and Depression in Adolescents: Evidence from China Family Panel Studies ». Behavioral Sciences, 12(3), 71. https://doi.org

LUSSIER, M., et P.-M. TOUSSAINT. (2012). Mythes et réalités sur l’entraînement physique.

HEDLUND, E.R., et autres. (2019). « Physical exercise may improve sleep quality in children and adolescents with Fontan circulation ». Cardiology in the Young, 29(7), 922 929. https://doi.org

McGUIGAN, K., et McGUIGAN, C.J. (2019). « Moderate-to-vigorous exercise is beneficial and can improve symptoms of fatigue and depression in young people with paediatric onset multiple sclerosis and other demyelinating conditions ». Evidence Based Nursing, ebnurs-2019-103117. https://doi.org

OBERSTE, M. et autres. (2020). « Physical Activity for the Treatment of Adolescent Depression: A Systematic Review and Meta-Analysis ». Frontiers in Physiology, 11. https://doi.org

PHILIPPOT, A., et autres. (2022). « Impact of physical exercise on depression and anxiety in adolescent inpatients: A randomized controlled trial ». Journal of Affective Disorders, 301, 145-153. https://doi.org

VILLAFAINA, S., et autres. (2021). « The Role of Physical Activity in the Relationship between Satisfaction with Life and Health-Related Quality of Life in School-Age Adolescents ». Behavioral Sciences, 11(9), 121. https://doi.org

WEERSING, V.R., et autres. (2017). « Evidence Base Update of Psychosocial Treatments for Child and Adolescent Depression ». Journal of Clinical Child and Adolescent Psychology: The Official Journal for the Society of Clinical Child and Adolescent Psychology, American Psychological Association, Division 53, 46(1), 11-43. https://doi.org

WEGNER, M., et autres. (2020). « Systematic Review of Meta-Analyses: Exercise Effects on Depression in Children and Adolescents ». Frontiers in Psychiatry, 11. https://doi.org

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