Portrait de prof – Sylvie Éthier

Après 30 ans d’enseignement, as-tu remarqué que le stress chez les élèves avait empiré ou diminué ? Comment ça se traduisait à tes débuts et comment ça se traduit maintenant ?

Comme j’enseigne dans une école privée, je constate qu’évidemment, il y a toujours eu des élèves qui veulent performer, ce qui entraîne le stress lors des examens. Il est vrai que certains parents mettent beaucoup de pression pour les notes, mais parfois c’est l’élève qui croit que ses parents ont de très grandes attentes.

Dans les années 80, les filles (il n’y avait pas encore de garçons) étaient stressées lors des examens, mais je crois que l’anxiété de performance comme on la connaît aujourd’hui était moins répandue. Peut-être que le monde dans lequel nous vivons est plus compétitif. L’apparition des réseaux sociaux a amplifié ça, car il met en relief les succès des autres. Je crois qu’à l’époque, la réussite était quelque chose de plus personnel. Lorsque j’étais élève au secondaire, je ne me souviens pas que mes camarades de classe étaient stressés outre mesure lors des examens. Un phénomène très récent que j’ai observé est la réaction lors de la remise de notes. Généralement, les élèves appréciaient quand je les félicitais devant la classe pour un 100%, mais depuis la pandémie, j’ai été surprise de constater que les élèves ne veulent pas que je dise à voix haute les notes parfaites. J’ai donc ajusté ma façon de faire. Je transmets maintenant mes félicitations à voix basse, de manière individuelle.

Est-ce normal d’être stressé à l’approche des examens ?

Oui, c’est normal d’être stressé à l’approche des examens, mais il ne faut pas que l’élève perde le contrôle et se laisse emporter par le stress.

Comment faire cheminer les élèves vers l’acceptation du stress (le bon stress) et comment leur apprendre à le gérer ?

Si on stresse parce qu’on veut bien faire, c’est normal, mais si on s’est bien préparé pour un examen, on ne devrait pas stresser à outrance. Il faut se faire confiance. L’important est de travailler de manière régulière. D’ailleurs, la rétention est toujours meilleure quand on travaille la mémoire à long terme. Certains attendent trop à la dernière minute pour se préparer, alors ils augmentent leur stress.

Quels sont tes conseils aux parents pour accompagner leurs enfants dans la gestion du stress ?

Il faut les encourager à se préparer à l’avance et ne pas trop mettre l’emphase sur le résultat.

Afin de mieux te connaître, j’aimerais que tu répondes aux questions suivantes : qu’est-ce qui te calme dans ta vie personnelle? Quels sont les moyens que tu valorises pour y arriver ?

Ce qui me permet de relaxer, c’est faire des casse-têtes ou des mots croisés, tricoter ou cuisiner. L’idée est de s’arrêter un peu, de faire autre chose. Faire son manicure est un moment pour soi; ça peut être un moment de détente.

Quelles sont les dernières séries que tu as écoutées ? Quels sont les derniers livres que tu as lus ? Quels sont les derniers films que tu as vus au cinéma ?

J’aime apprendre de nouvelles langues et je choisis souvent d’écouter des séries dans la langue que j’étudie. J’adore les séries policières. Les séries étrangères sont une manière pour moi de voyager, de m’approcher d’une nouvelle culture.

En ce qui concerne la lecture, je lis présentement Bar 2000 de Stefano Benni. C’est un roman fantaisiste que j’ai acheté en Italie, histoire de ne pas perdre la langue. C’est un recueil de nouvelles humoristique sur les types de cafés qu’on peut retrouver en Italie et sur les habitués de ces établissements. C’est une caricature de la population italienne, mais qui est tout de même très universelle.

Quel est ton plat favori, celui dont tu ne peux te passer ?

J’adore les crustacés, mais je ne peux pas me passer des tartares de viande ou de poisson.

Quel est le meilleur conseil qu’on t’ait donné ?

Lorsque j’ai commencé à m’engager dans la vie syndicale, un collègue qui était vice-président à l’époque et qui me cédait sa place au sein du Comité des relations du travail m’a dit ceci : « N’aie pas d’attentes envers ceux que tu aides ou accompagnes. Tu verras que ceux qui t’auront fait travailler le plus ne seront pas nécessairement ceux qui prendront le temps de te remercier. On s’engage dans la vie syndicale pour le bien-être de tous; on fait du mieux qu’on peut, mais il ne faut pas le faire pour recevoir de la reconnaissance. » J’aime accompagner les autres, être en relation d’aide. Ce conseil s’applique aussi à mon enseignement et à ma vie privée. Je retiens de ce conseil que l’aide que j’apporte me fait du bien à moi aussi.

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